Scrub Island est un des passages très attendu dans cette campagne.

En effet, les précédents carottages ont révélés des dépôts important de tsunamis dans un lagon situé au nord-ouest de l'île. Et de nombreux boulders (des blocs de récif ou de corail) sont présents tout le long de la côte témoignant du passage de vagues violentes probablement associées à des tsunamis passés.


Avec le transit vers Scrub, la nuit a été très courte pour tout le monde car beaucoup moins paisible que les précédentes. Toutes les techniques sont de mises pour réussir à se stabiliser dans sa couchette: position en étoile, en sandwich entre 2 traversins, stabilisé avec une barre de protection pour éviter de rejoindre le sol de la cabine... L'Antea nous en fait voir de toutes les couleurs. Mais le trajet en vaut la peine, c'est vers les 7h que l'on rejoint les côtes de Scrub et que l'on aperçoit ces premiers boulders majestueusement posés sur la côte rocheuse.


La journée doit être productive avec une équipe carottage (Pierre, Fabien et Maude) sur le lagon, uné équipe d'exploration recherche de coraux (Nathalie et Louise) sur l'île et une équipe sismique et carottage Kullenberg (Eric, Thibault et Chloé) à bord. Le débarquement sur l'île n'est pas de tout repos car il faut porter tout le matériel dans le sable sur un demi-kilomètre en slalomant entre les branchages et les cactus, or la plateforme de carottage pèse son lot de cacahuète. Mais tout le monde est ravi d'enfin voir ou revoir ce fameux lagon surlequel on a tant travaillé ! (On se rend vite compte, un peu amèrement, qu'il y a en fait un passage direct de la plage au lagon par la dune qui nous évitera le trajet retour avec le matériel).


L'équipe carottage se met donc à la tâche et l'équipe exploration par pour une demi-journée de marche dans la caillasse. Nous avons pour seule compagnie des oiseaux, des lézards et des chèvres qui survivent de manière très mystérieuse sur cette île. Car il fait chaud, très chaud avec très peu d'endroits où s'abriter et une absence inquiétante d'eau douce.


La salinité du lagon est telle que cela attaque la peau et les vêtements de Maude, Fabien et Pierre qui passent une mâtinée cuisante. La montre de Maude ne résiste pas casse à la fin des manips et un de ses bracelets est passé d'une jolie couleur argent à un noir-grisâtre. Mais les 3 carottes récupérées sont magnifiques: les 2 dépôts tsunamis de 1755 et 1450 identifiés dans les carottes 3 ans auparavant sont à nouveau présents dans chacune d'elles et un 3ème dépôt encore plus ancien est suspecté dans 2 d'entre elles.

L'expédition à travers l'île est aussi très concluante bien qu'un peu frustrante car il y a tant de traces de tempêtes, tsunamis et d'objets géologiques à étudier que cela nécessiterait 15 jours de campagne consacrés à ce seul endroit. La côte sud regorge de coraux transportés à terre par les vagues ainsi que des blocs de plus de 2m de haut posé sur les plateaux karstiques. Le côte nord présente moins de coraux mais des blocs tout aussi impressionant avec 2-3 géant trônant à plus de 10m au dessus de l'eau. L'équipe note les langues de sables potentiellement apportés par la mer loin à terre et tout trace qui témoignerait du passage d'une vague autour du lagon. Les 2 équipes s'autorisent un bain bien frais dans l'eau limpide de la plage en attendant le zodiac de l'ANTEA antaut pour échapper à la fournaise que pour se nettoyer du sel et de la poussière de l'île.


Avec tous les résultats de la journée bilan scientifique de la soirée est positif avec pour seul point noir le fait que les carottages Kullenberg n'aient pas abouti à cause de la nature beaucoup trop sableuse des sédiments du bassin.