La nuit a été particulièrement reposante, à l'abri dans le Havre du Robert le bateau ne tangue presque pas et l'équipage se réveille d'un bon pied. Depuis l'escale à Pointe-A-Pitre, tous les repas nous avons le droit aux délicieux fruits que Jonathan (le cuistot) a achété pendant le ravitaillement. Les petites bananes antillaises et les fruits de la passion sont parfaits pour bien commencer nos journées.


La mise en place du matériel de sismique se fait efficacement et heureusement tout fonctionne ce jour là, nous aurons donc le temps de faire plus de profils sismiques que la veille. Un grain nous tombe dessus dans la matinée et nous protégeons tant bien que mal notre système électrique avec nos corps, une bâche et un parapluie. La sismique fonctionnant bien et la mer étant relativement calme Louise en profites pour faire la visite des salles des machines et les coulisses de l'ANTEA: un monde parallèle sous nos pieds vraiment impressionant.


Le repas du midi a une couleur locale, l'équipe se l'accorde, c'est un des meilleurs repas depuis le début du séjour... ou peut être est-ce du à notre envie de spécialités du coin. Jonathan a cuisiné un guacamole à tomber, suivi d'un tartare de thon accompagné de patate douce et de bananes plantains, avec en dessert un ananas flambé au rhum doublé d'une glace coco. Nos papilles sont ravies ! Les repas sur l'ANTEA depuis le début du séjour valent largement ceux de très bons restaurants, on s'y habitue très (trop) vite et le retour à nos chez nous respectifs sera probablement difficile de ce point de vue là.


Il faut que l'on se décide du planning de l'après midi et du lendemain. La possibilité d'aller explorer la baie de Fort-De-France est évoquée par Nathalie et depuis la destination est en discussion. Si on est assez efficace pour obtenir quelques profils sismiques supplémentaires des Baies du Robert et du Galion ainsi que quelques carottes alors Fort-De-France serait jouable. Les sédiments de la baie de Fort-De-France n'ont jamais été étudiés, or ils pourraient nous en apprendre long sur l'anthropocène et l'histoire des tempêtes et tsunami bien plus ancienne encore.

Les 2 premièrs duo (Pilot et Kullenberg) de carottes de l'après midi sont surprenantes: le carottier est stoppé net par un lit argileux/organique particulièrement dense qui empêche l'enfoncement du tube et ne permet l'extraction que d'un mètre de sédiments. Ce lit est repéré sur la sismique et grâce aux profils réalisés dans la matinée, un troisième point de carottage est choisi et bingo ! Le carottier ressort avec 4m40 de sédiment avec à l'extrémité un lit de mangrove suivi d'une sorte de tourbe. Maude et Louise viennent à bout du dernier tube après un bel effort de découpage et de référencement. La découpe du dernier tronçon révèle un macro-sédiment d'environ 5-10cm d'une forme étrange faisant étrangement penser à un os ou une dent. En quelques secondes Maude, Nathalie et Louise imaginent tous les scénarios possibles quant à la nature de cet objet: Un os de dinosaure ? Un os de pirate ? Ou peut-être une dent de requin ? Une dent de dinosaure ? Un corail ?... C'est Maude, la spécialiste sédimentologie, qui nous ramène à la raison en faisant remarquer la présence de coquilles dans le macro-sédiment, cela pourrait être le moulage d'un petit chenal ou d'une ancienne strucutre hydrique. L'exitation retombe légèrement mais cela reste une belle découverte et nous sommes d'autant plus frustrés de ne pas pouvoir ouvrir ces carottes sur le champ.


Les carottes étant réussies, il est décidé de faire un dernier profil dans la baie du Galion avant de mettre les voiles direction Fort-De-France. Dans la baie du Galion, la houle est de nouveau plus forte et Thibault fait du rameur avec le cable du profileur afin de compenser les accoûts des vagues qui perturbent le signal. Après cette dernière manoeuvre, à peine le matériel rangé que l'ANTEA tangue à nouveau dangereusement. Le trajet vers Fort-De-France est tempétueux, quelques vagues particulièrement haute s'écrasent sur le pont avant du bateau, nettoyant au passage le sel et la terre des derniers jours, et achève une partie de l'équipage.